Voyage à Calakmul au Musée du Quai Branly

Aujourd’hui nous accueillons Louise, du blog Je Beurre Ma Tartine, aux manettes de So many Paris. Si vous ne connaissez pas déjà ce blog très riche, consacré à la culture sous toute ses formes, on vous recommande d’y faire un tour. Pour la petite histoire, Je Beurre ma Tartine part d’un postulat très simple : « La culture c’est comme la confiture. C’est bon. » On est bien d’accord !

Etudiante à l’Ecole du Louvre, Louise est une spécialiste des Amériques. Elle nous emmène aujourd’hui au Musée du Quai Branly, à la découverte de la civilisation maya. Son idée : montrer qu’une seule pièce de la collection permanente du musée peut nous transporter au coeur de la société maya, de ses croyances et de ses codes !

Cl. & Co. 

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Alors que le Musée du Quai Branly accueille jusqu’au mois de février l’exposition Mayas, révélation d’un temps sans fin, penchons-nous sur l’une des pièces majeures de la collection maya du musée, que vous pouvez admirer à loisir toute l’année.
Mayas Musée du quai Branly (8)Même si les premiers villages mayas sont attestés dès 1000 avant J.-C. et qu’il existe encore de nos jours de nombreux représentants de cette culture, c’est durant la période dite du Classique Récent, entre 600 et 900 de notre ère environ, que la civilisation connaît son apogée. Les cités-états les plus célèbres alors se nomment Palenque, Tikal, Copán ou Calakmul ; on les trouve au centre-sud du Mexique, au Belize et au nord du Guatemala actuel, au cœur de jungles denses.

La création de cette période constitue la base de notre imaginaire actuel : peaux de jaguar, masques de jade, stèles inscrites de longs textes glyphiques… Voici un exemple significatif de l’art de cette époque :
Mayas Musée du quai Branly (4)Plat polychrome de style codex : Calakmul (?), 600-900 AD, Musée du Quai Branly, 70.2001.36.1

Comme très souvent en ce qui concerne les pièces mayas les plus élaborées, ce plat a certainement été retrouvé dans une sépulture. Il synthétise à lui seul de nombreuses caractéristiques et croyances des Mayas de l’époque classique : leur conception de l’univers, l’importance pour eux de la divinité du maïs, de la végétation, de l’eau… Mais il témoigne aussi des pratiques d’ornementation et de déformation corporelles chez les élites.
Mayas Musée du quai Branly (12)En effet, on peut voir au fond du plat le buste d’un jeune homme de face, la tête de profil. On note que son nez s’inscrit dans le prolongement direct de son front, et que son crâne est comme étiré en longueur ; c’est le résultat d’un « remodelage » courant chez les membres de la haute société maya, obtenu en compressant le crâne des bébés entre des tablettes de bois ou des bandes de coton. La déformation céphalique est largement pratiquée dans toute l’Amérique précolombienne, et possède une valeur à la fois esthétique, religieuse et sociale. L’homme porte également un large pendentif et des manchettes de jade, ainsi qu’une coiffe élaborée : tout indique donc qu’il s’agit d’un personnage de haute naissance.
Plat polychrome Calakmul, Musee du Quai Branly, 70.2001.36Les Mayas considèrent que le monde se divise sur le plan vertical  en trois parties : nous vivons sur la terre, sous nos pieds se trouve l’inframonde (lié à l’obscurité et à l’humidité, associé au jaguar) et au-dessus de nos têtes le monde céleste (lié à la chaleur et au soleil, associé aux oiseaux). Ils considèrent également que l’espace se répartit sur le plan horizontal selon les quatre points cardinaux et un axe central. En l’occurrence, le dignitaire est placé ici sur l’axe central de l’univers et émerge de l’inframonde, ce que l’on devine par la tête de monstre décharné dont il surgit, ainsi que par l’environnement aquatique représenté (cercles évoquant des bulles, nénuphar ornant le fond du plat, coquillages indiquant les quatre points cardinaux…). Or, chez les Mayas, la représentation d’un homme surgissant de l’inframonde possède une symbolique forte : elle figure la renaissance d’un individu après la mort, à la manière du dieu du Maïs dans la mythologie, et de la végétation dans la vie quotidienne.

Une seule pièce de céramique suffit ainsi à évoquer la complexité du système de pensée et du fonctionnement social maya. Et si l’on doit prendre la peine d’étudier l’iconographie de ce plat pour mieux comprendre le contexte culturel dans lequel il s’inscrit, il est également nécessaire de prendre le temps d’apprécier le raffinement de son traitement, le trait sûr et délié de son peintre, la finesse des détails et l’esthétique générale de sa composition, toute en courbe.

 Louise – blog Je Beurre ma Tartine

Pratique 

Musée du quai Branly
37, quai Branly, 75007 Paris
RER (C) Pont de l’Alma

Ouvert mardi, mercredi et dimanche 11h-19h ; jeudi, vendredi et samedi 11h-21h.
01 56 61 70 00
Site internet ici. Le site internet du Musée du Quai Branly est une vraie pépite, n’hésitez pas à y faire un tour pour regarder les collections permanentes ou bien vous documenter sur les expositions temporaires !

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4 commentaires

  1. J’ai vu l’exposition Maya qui est magnifique! Le musée du quai Branly recèle des merveilles et je vous invite aussi à voir la très belle exposition actuellement consacrée aux iles Salomon

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  2. Bonsoir,

    Je sais que cet article date de 2 ans mais j’étudie aussi actuellement des objets de la civilisation maya. Pourriez-vous me dire quel taille fait ce plat ? de longueur et de largeur. Merci

    Cordialement

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